Une solution peu coûteuse contre les aflatoxines rend les produits agricoles nigérians plus sûrs et plus sains que jamais.

Les systèmes alimentaires en Afrique subsaharienne sont confrontés à de nombreux obstacles qui culminent pour mettre au défi les petits exploitants agricoles en première ligne, et avec une population qui devrait doubler d'ici 2050 et des rendements alimentaires parmi les plus faibles au monde, il n'y a pas de place pour le gaspillage.

Le gaspillage alimentaire ne vient pas seulement des enfants qui ne débarrassent pas leur assiette, mais dans des pays comme le Nigeria où près de 60 % de la population était en situation d'insécurité alimentaire en 2019, c'est un problème chronique et les champignons dans le sol sont un dangereux coupable. Sachant le risque que cela représente pour la transformation du système alimentaire, l'équipe RFS Nigeria a travaillé avec diligence contre cette menace, et la première étape consiste à la nommer.

Aspergillus flavus est un champignon de culture pathogène qui favorise les céréales, les légumineuses et les noix - certains des acteurs les plus importants des systèmes alimentaires du Nigeria - et il produit l'aflatoxine cancérigène qui menace la santé des populations rurales. Les aflatoxines sont très répandues sur le continent africain et on a constaté qu'elles contaminaient jusqu'à 65 % du maïs et des arachides au Nigeria.

Malheureusement, les conditions rencontrées dans les exploitations agricoles nigérianes sont idéales pour la prolifération des aflatoxines, car elles favorisent la sécheresse et les températures élevées pour s'établir, ainsi que les conditions humides, souvent rencontrées lors du stockage et du transport, pour continuer à se développer après la récolte. D'autres facteurs de stress, comme les dégâts causés par les insectes, peuvent également affaiblir les cultures, les rendant ainsi vulnérables aux infestations. Étant donné que les épisodes de sécheresse et le stress subi par les cultures devraient devenir de plus en plus fréquents avec le changement climatique, il faut que quelque chose change.

Le projet Systèmes Alimentaires Résilients (RFS) Nigeria, dirigé par le PNUD, s'attaque au problème des aflatoxines dans les États de Gombe et d'Adamawa en promouvant l'utilisation d'Aflasafe, un produit développé par l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA).

Aflasafe est appliqué sur des grains de sorgho torréfiés et stériles qui servent de support et de source de nourriture pour l'enrobage bleu caractéristique qui contient les agents actifs dans la lutte contre les aflatoxines. L'enrobage du grain est composé de quatre souches indigènes et atoxigènes du champignon Aspergillus flavus qui supplantent les souches toxiques.

Aflasafe ne protège pas seulement la santé humaine, mais aussi la santé animale. Il réduit la mortalité des poulets de 40 % et élimine le risque que les aflatoxines atteignent les humains par le biais de la viande, des œufs et du lait - le produit animal le plus à risque pour les humains.

L'accès aux marchés locaux a également constitué un obstacle pour les agriculteurs, car les meuniers d'arachides et de maïs testent les produits pour détecter les aflatoxines avant de les acheter. Trop souvent, les niveaux étaient trop élevés pour être vendus avant l'introduction d'Aflasafe, et les agriculteurs font maintenant état d'une augmentation de leurs ventes allant jusqu'à 25 % dans le cadre du projet RFS Nigeria. En outre, leurs chaînes de valeur alimentaire s'ouvrent aux marchés internationaux en réduisant de 80 à 100 % la contamination à des niveaux propres à la consommation.

Afin d'étendre les avantages de cette solution contre l'aflatoxine dans les États participant au projet, l'équipe RFS Nigeria a travaillé avec les communautés, en organisant des séances d'information et de formation, et a jusqu'à présent fourni Aflasafe à 8034 bénéficiaires, dont 59 % de femmes, qui en constatent les avantages dans leurs exploitations. Comme il s'agit d'une solution peu coûteuse - entre 12 et 25 USD/ha à appliquer - c'est aussi une solution à long terme pour les agriculteurs qui bénéficient de meilleurs rendements et d'un meilleur retour sur investissement.

"Maintenant, nous obtenons plus de maïs et d'arachide qu'avant, et c'est plus sain. Alors quand nous en mangeons ou l'utilisons pour cuisiner, il n'y a pas de problèmes." - Johnson Bamargi, agriculteur dans l'État d'Adamawa

Lors d'une formation organisée en 2019 pour les agents de vulgarisation du nord-est du Nigeria dans l'État de Gombe, les animateurs ont communiqué les régimes d'application d'Aflasafe, souligné l'importance de la lutte contre les aflatoxines et décrit les meilleures pratiques pour réduire la contamination des cultures. Bien qu'une manipulation et un stockage appropriés ainsi qu'une sensibilisation accrue aient été cités comme contribuant à la réduction des aflatoxines, le projet RFS Nigeria coupe le dangereux champignon à sa source.

La transformation des systèmes alimentaires est une question de santé, c'est pourquoi RFS s'investit toujours dans la recherche de solutions innovantes pour augmenter les rendements et introduire des options alimentaires sûres pour l'avenir de l'Afrique sub-saharienne.

Voyez par vous-même la différence que fait Aflasafe dans l'État d'Adamawa dans le clip ci-dessous, qui fait partie de la nouvelle série de vidéos de RFS Nigeria, disponible sur notre chaîne YouTube.