Le Burkina Faso organise un atelier régional pour la fixation d'objectifs de neutralité en matière de dégradation des terres (NDT)


En septembre 2019, le gouvernement du Burkina Faso, avec le soutien de l'équipe du projet RFS, a organisé un atelier pour partager l'expérience du Burkina Faso dans la définition et l'intégration des objectifs de la NDT avec des représentants du Niger et du Sénégal.

Depuis les sécheresses prolongées des années 1970 et 1980, le Burkina Faso a souffert d'une dégradation généralisée des terres et de la désertification, entraînant famine, pauvreté et migrations massives. Plus de 9 millions d'hectares de terres agricoles du Burkina Faso sont dégradés, soit un tiers de la superficie totale du pays. Le changement climatique exerce une pression croissante sur les terres arables existantes, car les précipitations diminuent, les températures augmentent et les sécheresses et les inondations deviennent plus fréquentes. La croissance démographique et l'action humaine - la déforestation et les pratiques agricoles non durables - aggravent la situation.

Étant donné la gravité du problème et son large impact sur la trajectoire de développement du Burkina Faso, le gouvernement du Burkina Faso a pris plusieurs mesures importantes au niveau national pour donner la priorité à l'atténuation des conséquences de la dégradation des terres. Cet élan politique comprend un engagement national récent en faveur d'objectifs volontaires pour atteindre la neutralité en matière de dégradation des sols (NDT) d'ici 2030.

Le concept de NDT est né de la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20) en 2012. En 2015, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD COP12) a formellement adopté un objectif de NDT : "Tous les pays vont maintenant formuler des objectifs volontaires pour atteindre la NDT en fonction de leur situation nationale spécifique et de leurs priorités de développement...". Suite à la COP12 de la CNULD, l'initiative de la NDT a été pleinement intégrée dans le cadre plus large des objectifs de développement durable en tant que cible 15.3 de la SDG 15 "Life on Land". 

Depuis que la communauté internationale a adopté l'idée de la NDT, le Burkina Faso s'est employé à fixer des objectifs nationaux volontaires : le pays s'engage à atteindre la NDT d'ici 2030 en restaurant 5 millions d'hectares de terres, pour un coût estimé à 2,7 milliards de dollars. Le gouvernement du Burkina Faso a également été actif dans la définition d'un cadre de référence de la NDT, la ventilation des objectifs nationaux au niveau régional et l'intégration des mesures visant à atteindre la NDT dans les cadres de planification nationaux, y compris, plus récemment, le Programme national pour le secteur rural (PNSR II).

Dans le cadre de ce processus, en septembre 2019, le Secrétariat permanent pour la coordination des politiques sectorielles agricoles (SP/CPSA), avec l'appui de l'équipe du projet pays RFS, a organisé un atelier pour partager l'expérience du Burkina Faso en matière de fixation et d'intégration des objectifs de NDT dans les cadres de planification nationaux. Des délégations du Niger et du Sénégal ont également participé à l'atelier et ont partagé leurs expériences et les leçons tirées des initiatives qui contribuent à la NDT dans leurs pays respectifs.

Dans le cadre de cet atelier, les participants ont également effectué une visite de terrain à la ferme de M. Yacouba Sawadogo, un agriculteur burkinabé qui a réussi à créer environ 40 hectares de forêt avec plus de 60 espèces d'arbres sur des terres auparavant arides. En 2018, M. Sawadogo a reçu le Right livelihood Award, également connu sous le nom de prix Nobel alternatif, pour son travail de restauration des terres dégradées, de création d'un agro-écosystème prospère et d'incitation des autres agriculteurs du Sahel à faire de même. La visite a permis aux participants de voir, en personne, ce qui est possible avec un peu de persévérance et de détermination.

Après avoir partagé et analysé les expériences des trois pays, et rendu visite à M. Sawagodo, les délégations ont formulé plusieurs recommandations clés pour les pays du Sahel qui cherchent à intégrer les objectifs de la NDT dans des plans et des stratégies concrètes. Des recommandations clés sont incluses : 

  • Une meilleure intégration de l'agriculture, de l'élevage et de la sylviculture est impérative pour les pays du Sahel.
  • Le renforcement de la résilience aux effets néfastes du changement climatique nécessite un changement radical de comportement à l'égard de l'environnement.
  • La régénération naturelle assistée doit être intégrée dans les systèmes nationaux de vulgarisation agricole au Sahel.
  • Les exploitants forestiers devraient être soutenus et toutes les mesures devraient être prises pour assurer la durabilité de leurs forêts. 

Les délégations ont exprimé leur engagement à intégrer ces recommandations dans les processus et les plans d'action de la NDT de tous les pays concernés. L'atelier a permis de faire de grands progrès dans la création d'un environnement de collaboration dans la lutte contre le défi commun de la dégradation des terres au Sahel et d'ouvrir la porte à une coopération et un échange de connaissances plus approfondis à l'avenir.

 


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