Protection des sources d'eau : Ce qu'il faut pour que la nature prospère dans le Haut-Tana, au Kenya.

Depuis des décennies, les forêts situées sur les flancs abrupts des collines du bassin versant du Haut-Tana ont été lentement converties à l'agriculture.

La réduction de la productivité des sols due à l'érosion et à la concurrence pour l'espace a obligé les agriculteurs à cultiver sur des pentes de plus en plus raides. Pendant la saison des pluies, le sol est rapidement emporté dans les rivières, ce qui réduit la productivité des terres agricoles et submerge de sédiments les installations de distribution d'eau et de production d'électricité.

Mais ces problèmes ne se limitent pas au bassin versant. La rivière Tana fournit 95 % de l'eau potable à plus de 9 millions de personnes, dont les 4 millions de personnes vivant en aval dans la capitale, Nairobi. L'approvisionnement en eau n'étant pas fiable, de nombreuses personnes sont obligées d'acheter des jerrycans d'eau juste pour en avoir assez pour boire, cuisiner et se laver.

Des recherches ont montré que la sécurité de l'eau deviendra plus difficile à mesure que le changement climatique entraînera des précipitations de plus en plus imprévisibles et que la population de la ville continuera de croître.

Par le biais du Fonds pour l'eau du Haut Tana de Nairobi (UTNWF), le Fonds international de développement agricole et The Nature Conservancy (TNC) rassemblent divers partenaires pour résoudre ces problèmes grâce à un modèle gagnant-gagnant.

Les fonds pour l'eau sont fondés sur le principe qu'il est moins coûteux de prévenir les problèmes à la source que de les résoudre en aval. Les utilisateurs d'eau urbains investissent dans la conservation des bassins versants en amont, au profit des agriculteurs, des entreprises et des Kenyans de toute la région.

Dans le bassin versant du Haute Tana, le Fonds pour l'eau de Nairobi, le Programme de développement communautaire de l'agriculture durable (SACDEP), Caritas-Murang'a et le gouvernement du comté travaillent avec plus de 44 000 agriculteurs et sont en passe d'atteindre 50 000 agriculteurs d'ici 2022. Ce résultat est obtenu en fournissant les compétences, la formation et les ressources nécessaires pour conserver l'eau, réduire le ruissellement du sol et améliorer la productivité des cultures.

Au cours des cinq premières années seulement, le projet a aidé les agriculteurs à installer plus de 15 000 bacs de collecte des eaux de pluie et plus de 596 kilomètres de terrasses et 988 km de bandes herbeuses. Actuellement, 100 000 acres de terres dans le bassin versant font l'objet de pratiques de gestion durable des terres et plus de 3,6 millions d'arbres ont été plantés à ce jour, dont plus de 1,3 million d'arbres fruitiers. Ces activités contribuent non seulement à améliorer la qualité et la quantité de l'eau pour les utilisateurs en aval, mais aussi la biodiversité terrestre et aquatique du bassin versant.

Jane Kabugi, par exemple, a appris à creuser des tranchées et à planter du gazon de Napier pour prévenir l'érosion du sol dans sa ferme située à flanc de colline. Stanley Kaminju a installé un bac à eau pour stocker l'eau d'irrigation. Il peut désormais cultiver et vendre des légumes pendant la saison sèche, lorsqu'il peut en tirer un prix plus élevé.

"Nous pouvons dire que nous avons atteint la sécurité alimentaire grâce aux bacs à eau que TNC nous a donnés. Nous sommes très reconnaissants d'être devenus des agriculteurs très stables et nos vies ont été transformées", a déclaré Stanley.

L'UTNWF est affecté par les ONG, les services publics, les entreprises et les investisseurs privés qui se réunissent et s'engagent à faire de la conservation des bassins versants une priorité. Il s'agit notamment des gouvernements nationaux et des comtés, du FEM, du FIDA, de la Fondation Caterpillar, de la Fondation Coca-Cola, de l'EABL, de Pentair, du CIAT, de FRIGOKEN, de KenGen, de la WRA et des communautés locales.

Leurs investissements et la gestion des terres devraient fournir 2 dollars de bénéfices pour chaque dollar investi sur 30 ans.

La société Coca-Cola propose des produits dont plus de 98% des matières premières utilisées sont de l'eau. La société a fait don de 150 000 USD à TNC pour la protection des sources d'eau, non seulement à des fins industrielles, mais aussi pour l'usage domestique des consommateurs des produits de la société qui vivent dans le bassin versant.

Si le Fonds pour l'eau de Nairobi est le premier du genre en Afrique, il s'appuie sur l'expertise que les scientifiques de TNC ont acquise en concevant plus de 30 fonds pour l'eau dans le monde.

L'UTNWF sert de modèle aux dirigeants du continent qui cherchent une solution aux défis croissants tels que la pénurie d'eau, la croissance démographique et le changement climatique.

"Ce qui m'enthousiasme le plus dans ce Fonds pour l'eau et dans le travail avec TNC, c'est le fait que l'impact peut être très important. Quand vous regardez l'approvisionnement en eau de Nairobi aujourd'hui et que vous découvrez qu'il y a un déficit d'environ 30%, et si nous pouvons juste être en mesure de réduire cela par le travail que nous faisons ne serait-ce que de 5%, l'impact est énorme." - Eddie Njoroge, président du Fonds pour l'eau de Nairobi et de l'Organisation internationale de normalisation (ISO).

En investissant et en travaillant pour conserver et protéger nos sources d'eau, nous pouvons faire une différence durable pour les personnes, la culture et la biodiversité au Kenya et dans toute l'Afrique.

Cet article a été rédigé par John Gathagu, Responsable du Suivi et de l'Evaluation, Fonds pour l'eau du Haut Tana de Nairobi. N'hésitez pas à nous contacter pour plus d'informations.