Stretching 1,000 kilometres, from the central highlands of Mount Kenya and the Aberdare mountains to the Indian Ocean, the Tana River is one of Kenya’s most strategically important natural resources. © Roshni Lodhia

La valeur de l'eau : Analyse de rentabilité de l'une des ressources les plus vitales du Kenya


Au Kenya, dans la région du Haut-Tana, des ministères d'état, des entreprises et des agriculteurs se sont unis pour financer des projets de conservation de l'eau pour assurer un avenir durable aux générations futures.

Le 22 mars, le Fonds pour l'Eau du Haut-Tana-Nairobi (UTNWF), emmené par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) et mis en œuvre par The Nature Conservancy, a accueilli son assemblée générale annuelle à l'occasion de la Journée Mondiale de l'Eau. Cette journée internationale annuelle célèbre l'eau sous toutes ses formes vivifiantes et encourage la réalisation de l'Objectif 6 de Développement Durable : l'eau et l'assainissement pour tous d'ici 2030.

Le thème de cette année, “La valorisation de l'eau”, examina les différentes façons dont nous valorisons l'eau et comment nous pouvons mieux protéger cette ressource vitale. La "valeur" de l'eau va bien au-delà de son prix. Elle est intégrée et transcrite de manière très complexe dans nos systèmes sociaux, économiques, écologiques et politiques.

Au cœur de la mission de l'UTNWF se posent les questions de comment capter, articuler et préserver la valeur de l'eau au sein de ces différents systèmes.  

Premier fonds de ce type en Afrique, l'UTNWF coordonne le financement et la mise en œuvre de réponses intégrées pour aider des milliers d'agriculteurs du bassin versant du Haut-Tana à restaurer les terres dégradées, à recueillir l'eau, à préserver les sols et à introduire des cultures durables, nutritives et à forte valeur ajoutée.

Le Fonds pour l'Eau utilise les fonds provenant des parties prenantes en aval "du robinet" - entreprises et utilisateurs d'eau dans la ville - pour financer les investissements en amont "au sommet" dans la conservation de l'eau et l'agriculture durable, au bénéfice tant des petits fermiers que des résidents de Nairobi plus en aval. 

Les montants levés pour le Fonds de l'Eau pendant le cycle de vie du projet sont investis sur le marché libre. Les intérêts qui découlent de cet investissement financeront les opérations et les activités du fonds une fois que le financement initial du projet RFS aura pris fin. "Nous apportons des ressources qui existaient déjà, mais nous les canalisons maintenant dans un espace de gouvernance partagée", explique Anthony Kariuki, Coordinateur du Projet.

S'appuyant sur des investissements de lancement du Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) et du FIDA, notamment par le biais du programme RFS, le fonds a obtenu un fort soutien de la part de ses parties prenantes, en levant un total de 2,1 millions USD pour capitaliser la dotation et en mobilisant plus de 20 millions USD de cofinancement, en espèces et en nature, de la part des gouvernements des comtés, de la société civile et des organisations communautaires, des agriculteurs et du secteur privé. Des entreprises, telles que Frigoken, Coca-Cola et East African Breweries Limited, ont jusqu'à présent co-investi dans l'initiative à hauteur de 1,6 million de USD. 


Grâce au soutien de Resilient Food Systems, plus de 14 000 petits agriculteurs utilisent désormais la technologie de collecte des eaux de pluie pour stocker l'eau et irriguer leurs cultures. © Roshni Lodhia
Grâce au soutien de Resilient Food Systems, plus de 14 000 petits agriculteurs utilisent désormais la technologie de collecte des eaux de pluie pour stocker l'eau et irriguer leurs cultures. © Roshni Lodhia

Quels qu’ils soient, les fonds de l'eau rencontrent toujours la même difficulté majeure: convaincre les utilisateurs de l'eau qu'il vaut mieux investir dans les efforts de conservation et de réhabilitation maintenant, plutôt que de payer plus tard pour des conséquences souvent funestes.

La réhabilitation de la Haute Tana est devenue un impératif. S'étirant sur 1 000 kilomètres, le fleuve Tana s'écoule des hauts plateaux centraux du mont Kenya et des montagnes Aberdare jusqu'à l'océan Indien. Le fleuve est l'une des ressources naturelles les plus importantes du Kenya sur le plan stratégique. Il fournit 95 % de l'eau aux 4,4 millions d'habitants de Nairobi et la moitié de la production hydroélectrique du pays.

Depuis les années 1970, les riches forêts et zones humides de la région ont cédé la place à des rangs de thé, de café, de maïs et de riz, faisant disparaître les zones naturelles qui stockaient autrefois l'eau et filtraient les sédiments. Aujourd'hui, lorsque la pluie tombe sur les fermes, la terre est charriée le long des flancs abrupts des collines vers la rivière, ce qui réduit la teneur en eau des terres et augmente les dépôts sédimentaires dans la rivière qui viennent ensuite obstruer les stations de traitement et de distribution de l'eau, accentuant la pression sur un système déjà vulnérable.

Pour lutter contre l'érosion et la pollution de l'eau qui en résulte, les agriculteurs du Haut-Tana doivent changer de cap. Mais les dépenses sont élevées pour se convertir à d'autres cultures, déplacer les fermes loin des berges et pour réhabiliter le paysage dégradé. C'est là qu'intervient le Fonds pour l'Eau du Haut-Tana-Nairobi. Celui-ci aide les agriculteurs en leur fournissant des services de conseil pratiques, du matériel et des financements pour des approches intégrées qui préservent le sol et l'eau.

Les résultats parlent d’eux-mêmes: plus de 14 000 petits exploitants agricoles utilisent maintenant la technologie de collecte des eaux de pluie pour stocker l'eau et irriguer leurs cultures, réduisant ainsi de 50 % leur consommation d’eau. En décembre 2020, plus de 17 000 hectares de terres agricoles avaient été restaurés.


Avec l’aide de l'UTNWF, Mercy Wachira a pu installer un réservoir de collecte des eaux de pluie et diversifier ses cultures. © Roshni Lodhia
Avec l’aide de l'UTNWF, Mercy Wachira a pu installer un réservoir de collecte des eaux de pluie et diversifier ses cultures. © Roshni Lodhia

During the World Water Day celebration, farmers like Mercy Wachira were able to share their stories of success. Before the establishment of the UTNWF, Mercy used to rent a riverside farm plot. While it was close to a water source, it was prone to flooding, and she spent a lot on fuel for her irrigation pump.

After hearing about rainwater harvesting systems from a neighbour in church, Mercy decided to move her farm. In 2014, the Water Fund helped Mercy build a 50,000-litre water pan to capture rainwater and plant bamboo and Napier grass to stabilise the riverbank and stop sedimentation. “The Water Fund taught us how to conserve our riparian land,” said Mercy. “That is why the water is clean.”

The success of the project has not gone unnoticed. The results of the UTNWF have inspired the Government of Kenya to pursue establishment of two additional water funds in Eldoret and Mombasa.

In the Upper Tana, farmers and businesses alike are learning that it makes sense to invest in nature. “It is cheaper to address the problem at the source than further downstream,” said Anthony Kariuki. Even small steps can aggregate into major positive impacts for farmers, businesses, and communities and for the broader ecosystem. “Prevention is better ­­– and more affordable – than cure.”


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